Équi Livres Cheval

Des livres pour progresser dans votre équitation et la relation avec votre cheval (Horsemanship)

Les chevaux ne mentent jamais

J’ai découvert le livre « Les chevaux ne mentent jamais » par hasard en naviguant sur Internet. De fil en aiguille, j’ai réalisé que son auteur, Chris Irwin, était l’un des chuchoteurs les plus renommés à l’échelle internationale. Je dois avouer ma petite ignorance en tant que française, étant habituée à connaître seulement les stars françaises du domaine telles qu’Andy Booth, le Haras de la Cense, Véronique de Saint Vaulry, etc. Outre atlantique je connais quand même Pat Parelli, évidement.

Chris Irwin est un célèbre chuchoteur, auteur et conférencier canadien, reconnu mondialement. Il est particulièrement admiré pour sa philosophie novatrice et ses approches dans le domaine de l’équitation éthologique. Il est considéré comme le leader mondial de cette discipline et compte parmi ses pionniers. La Fédération Équestre Internationale (FEI) le reconnaît comme l’une des personnalités les plus admirées et influentes dans le domaine équestre.

Sans hésiter, je me suis procuré son livre, d’autant plus que la couverture mentionne qu’il s’agit du « bestseller de la communication animale ». Toutefois, je trouve cette affirmation quelque peu trompeuse, car le livre ne traite pas réellement de la « communication animale » au sens de la télépathie avec les animaux, telle qu’on la comprend communément. Il s’agit en réalité bien d’équitation éthologique ou du horsemanship, qui implique aussi une communication avec l’animal mais grâce à notre langage corporel et celui du cheval.

Le livre s’apparente plus à un roman qu’à un guide pratique avec des exercices à réaliser. Ce récit est un mélange entre autobiographie, réflexion sur le cheval et notre relation avec lui, auquel s’ajoute du développement personnel. Avant même de comprendre le cheval, l’auteur nous rappelle l’importance de se connaître soi-même pour développer une relation authentique avec l’animal. Chris Irwin met en lumière cette vérité essentielle : l’équitation n’est pas seulement l’interaction entre l’homme et le cheval, mais également une introspection profonde où le véritable défi réside en nous-mêmes. Une fois que nous avons travaillé sur nos propres peurs et incertitudes, le cheval devient naturellement enclin à nous suivre. Il a besoin d’un leader confiant, assuré, calme et courageux.

« Tout ce que l’on enseigne à un cheval, il faut d’abord se l’enseigner à soi-même » – Cette maxime incarne la philosophie fondamentale de l’auteur.

Après cette introduction, le livre nous emmène dans le parcours de Chris Irwin, qui, malgré un départ sans lien direct avec le monde équestre, a été conduit par le hasard à travailler dans un champ de course dans les années 80. Les pages décrivent les principales leçons qu’il a apprises au contact des chevaux, les étapes de son cheminement, ses réussites, mais aussi ses échecs marquants. Parmi ceux-ci, un accident l’a profondément marqué et transformé sa conception du dressage des chevaux. Il a alors compris l’importance de rassurer les chevaux à pied avant de monter en selle et d’abandonner les méthodes agressives utilisées à l’époque.

Pour cela Chris Irwin s’appuie sur la compréhension de la relation prédateur-proie qui existe entre l’homme et le cheval. L’auteur nous invite à nous mettre à la place du cheval, à comprendre que la peur est inhérente à sa nature et a joué un rôle crucial dans sa survie dans la nature sauvage. En se connectant à la conscience de la proie, l’auteur a pu laisser de côté son esprit de prédateur et développer une relation basée sur l’empathie et la patience. Il souligne également l’importance de faire taire son ego, surtout face à un cheval difficile. La clé pour établir une communication harmonieuse est de montrer l’exemple au cheval plutôt que de chercher à le contrôler de manière autoritaire.

Dans le chapitre « montrer l’exemple », qui est à mon avis le plus intéressant du livre, l’auteur fait un constat important : tous les cavaliers ont finalement pour objectif de contrôler le cheval. Mais pour y parvenir, il est essentiel de comprendre ce qu’est un dominant chez cet animal, et comment cela diffère d’un dominant chez un prédateur, tel que l’homme.

Le dominant chez le prédateur induit la soumission par l’immobilité, tandis que le dominant chez la proie génère la soumission par le mouvement. Le chef chez la proie est celui qui guide le troupeau vers la sécurité grâce à la fuite, c’est-à-dire le mouvement. En tant que cavaliers, nous devons éviter l’erreur de vouloir soumettre le cheval en l’immobilisant, car cela va à l’encontre de sa nature profonde. On se comporte ainsi comme un prédateur envers lui, ce qui compromet toute tentative de contrôle harmonieux.

Pour établir une communication efficace avec le cheval, il est primordial d’adopter une approche similaire à celle d’un cheval. La clé réside dans le dosage subtil de la pression appliquée au cheval grâce à notre posture et la lecture attentive des réactions du cheval. Selon les messages reçus, il convient alors d’adapter notre attitude envers lui, comme le décrit l’auteur dans son ouvrage.

L’auteur souligne aussi que le langage corporel du cheval est riche et varié. En tant que cavaliers, il nous incombe de décoder ce langage afin de nous faire comprendre et d’amener le cheval à nous respecter et à nous faire confiance, comme le ferait un cheval dominant. Ce lien de soumission doit être établi par la confiance et non par la crainte. L’auteur met également en évidence la sincérité de l’assurance nécessaire pour être perçu comme le leader par le cheval.

« Un cheval ne ment jamais, son corps dit toujours la vérité […] tout le contraire des êtres humains qui eux savent bluffer, simuler et dissimuler » de Chris Irwin.

La dissimulation est une exigence de notre vie civilisée et, contrairement aux êtres humains, les chevaux ne mentent jamais. Ainsi, il est impossible de feindre notre statut de chef si nous doutons profondément de nous-mêmes. Le cheval détecte immédiatement cette incertitude, il est donc essentiel que notre assurance soit sincère et se dégage de notre langage corporel.

« Pour dresser et travailler avec des chevaux calmes et confiants, il nous faut commencer par acquérir ces qualités » de Chris Irwin

Dans le chapitre « accompagner l’énergie », Chris Irwin aborde des concepts fondamentaux de l’incurvation et du rassembler. L’auteur compare l’expérience de monter à cheval à celle de surfer une vague, où le cavalier doit suivre l’énergie naturelle du cheval, une énergie qui jaillit et que l’on peut canaliser grâce à l’incurvation. Cette approche trouve des échos dans les enseignements de Sally Swift, célèbre pour son approche dite  « Équitation Centrée ».

L’incurvation est présentée comme un élément essentiel, à demander principalement avec les jambes. L’idée est de réduire au maximum l’utilisation des mains pour guider le cheval, et d’accorder une plus grande importance aux jambes comme moyen de communication.

En ce qui concerne le rassemblé, l’auteur préconise d’accompagner l’énergie de l’avant-main du cheval sans tirer sur les rênes, rejoignant ainsi également la vision de Sally Swift. Contrôler le cheval par l’arrière-main plutôt que par la tête est présenté comme une approche plus harmonieuse et respectueuse.

Dans cette partie, des conseils sont prodigués aux cavaliers, tels que l’importance de respirer, de s’accorder des pauses et de faire preuve de patience. En effet, le contrôle de la puissance et de la force d’un cheval pour accomplir des exercices de plus en plus difficiles peut générer du stress, et il est donc essentiel d’apprendre à affronter ses peurs pour développer confiance et maîtrise.

Dans le chapitre « éducation du cavalier », Chris Irwin nous invite à devenir un meilleur cavalier, par le changement de nos habitudes grâce au développement personnel. L’auteur souligne l’importance de régler certains problèmes personnels, tels que le déni et la culpabilité, qui peuvent interférer avec la relation avec le cheval. D’autre part, avoir une vision claire de ses objectifs est également crucial. Dresser des listes et se fixer des objectifs atteignables permet de rester concentré et déterminé dans sa progression équestre et personnelle.

L’écoute de son corps, les affirmations positives, rejeter les jugements, savoir reconnaître ses succès, rire, sont autant de thématiques abordées dans ce livre pour rester motivé et avancer dans son apprentissage. L’auteur souligne que ce processus de changement et de développement personnel demande du temps et du travail. C’est un voyage continu qui permet au cavalier de grandir en tant que cavalier et aussi en tant qu’individu.

Dans la suite du livre l’auteur aborde à nouveau les thèmes de : confiance, respect, prédateur et proie. Puis nous raconte l’histoire d’Étiquette, le cheval de sa vie, un grand étalon au caractère difficile. Il est resté non monté jusqu’à l’âge de 5-6 ans. Et grâce à sa méthode de travail à pied décrite dans les chapitres précédents, le cheval a été débourré en seulement 1 heure, créant ainsi un lien puissant entre Chris Irwin et son cheval. Ce qui est un décevant c’est que l’auteur, après quelques années, a finalement vendu ce cheval pour s’installer à son compte et retourner au Canada.

En guise d’épilogue et de postface l’auteur fait d’abord un historique sur la fascination du cheval depuis la nuit des temps sur l’homme. Puis il explique le rôle que les chevaux peuvent jouer pour apporter de l’aide aux autres grâce aux concepts d’équitation éthologique. L’auteur développe notamment sa contribution et son travail en collaboration avec les travailleurs sociaux et les thérapeutes pour créer un lien entre les chevaux et la psyché humaine. La fondation « Eagala » en est un exemple, mettant en œuvre la thérapie avec assistance équine pour aider les individus dans leur développement personnel et émotionnel.

En conclusion

« Les chevaux ne mentent jamais » est un livre de Chris Irwin qui explore la relation entre l’homme et le cheval. Il met l’accent sur l’importance de l’établissement d’une relation de confiance et de respect mutuel entre le cavalier et le cheval. Il encourage les cavaliers à se remettre en question, à adopter une approche respectueuse lors de l’éducation des chevaux.

Bien que ce livre ne soit pas un guide pratique en termes d’entraînement équestre, il se révèle plutôt comme une vision philosophique de la relation entre l’homme et le cheval. En effet, il offre une perspective éclairée et réfléchie sur cette relation particulière.

À travers les enseignements de Chris Irwin, on découvre que l’équitation est bien plus qu’une simple activité sportive ; c’est une interaction profonde entre deux êtres sensibles. Le livre incite les cavaliers à reconsidérer leur rôle dans cette relation, à être à l’écoute de leur partenaire équin et à s’engager dans un processus de développement personnel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.